SONATE N°4 POUR ORGUE DE JEAN-PIERRE LEGUAY de LEGUAY JEAN-PIERRE parue aux Editions Henry Lemoine : une partition formidable !
A l'entour organise une giration de huit registrations manuelles autour d'un do dièse fixe à la pédale. Certaines registrations reviennent plus souvent que d'autres, toutes surplombent une immuable Flûte 4'. Selon son degré de présence, de densité, ce décor masque le son tenu, le laisse poindre en filigrane, le fait sonner en toute clarté, voit sa propre substance sonore diversement impactée par la plus ou moins grande proximité acoustique du do dièse immobile. Celui-ci apparaît, disparaît, se rapproche, s'éloigne, comme tamisé, filtré par le décor un peu comme le feuillage d'un arbre filtre la pluie ou les cloches chères à Debussy. De plus, la note do dièse, quels que soient sa tessiture et son timbre, est totalement absente du décor. Chant d'aurore est une sorte de thème varié dont le matériau fédérateur est le son flûte, avec la voix flexible, agile, intense, lumineuse de plusieurs flûtes jouant à l'unisson. Avec aussi, dans mon oreille, le charme capiteux, le chant ferme, doux, ensoleillé, possiblement volubile du choeur des flûtes de Notre-Dame de Paris ou de Saint-Ouen de Rouen. L'harmonie dite "ascendante", des registres moyen et aigu d'un ensemble de flûtes enfle le son, en épanouit le timbre, confie au registre grave le rôle de résonateur, de soubassement. Quelques extensions de registrations élargissent ce champ sonore. RécifAprès le climat relativement modéré des deux premiers mouvements, après le "coucher du son" éteignant les flûtes, s'imposait à moi la nécessité d'un contraste complémentaire fort, incisif par sa brièveté, sa registration, son tempo. Blocs épars, coups de vent, silences. Dans ma Sonate IV, peu de tissages polyphoniques serrés ; davantage que la tendreté soyeuse : une écriture aérée, transparente, une limpide crudité des timbres qui laisse passer le clair, une certaine économie de registrations incluant des effets de mutations obtenus par les dispositions des accords. L'oeuvre avance d'un pas léger, l'oreille au vent, l'humeur souriante. Jean-Pierre LeguayPresse"Dans ma Sonate IV, peu de tissages polyphoniques serrés ; davantage que la tendreté soyeuse : une écriture aérée, transparente, une limpide crudité des timbres qui laisse passer le clair, une certaine économie de registrations incluant des effets de mutations obtenus par les dispositions des accords. L'oeuvre avance d'un pas léger, l'oreille au vent, l'humeur souriante." Trois parties dans cette sonate : A l'entour, construite sur une immuable flute de 4' et un non moins immuable do# à la pédale. Chant d'aurore lui succède, avec le "chant lumineux" de plusieurs flûtes. La troisième, Récif, est construite en contraste avec les deux premières, heurtée, succession de paroxysmes et de silences. D.B.Jean-Pierre Leguay, né à Dijon en 1939, organiste, compositeur et improvisateur, a été, en orgue, l'élève d'André Marchal, de Gaston Litaize et Rolande Falcinelli ; en écriture, de Simone Plé-Caussade et, en composition, d'Olivier Messiaen. Après avoir été co-titulaire des Grandes Orgues de la Cathédrale Notre-Dame de Paris, puis successeur de Pierre Cochereau, en 2016, il est nommé organiste émérite. Titulaire de nombreux Prix, il a enseigné l'orgue et l'improvisation au Conservatoire de Limoges, puis au CNR de Dijon. Organiste concertiste de réputation internationale, il a composé plus de 70 oeuvres. Il a créé sa Sonate n°4 (composée entre 2014 et 2016) au Grand Orgue de Notre-Dame de Paris, le 12 avril 2016. ;;; Edith WeberL'Education Musicale n°117 (Août 2017)
--- Nombre de pages : 25 ------ Date de parution : 17/06/2017 ---